→ Lena M. Howard & June L. Salander« A long time ago, we used to be friends. » sweet.heart

Le bar était inhabituellement calme, dans le sens où peu de monde était présent. Si on excluait le personnel -dont moi alors-, il n'y avait seulement qu'un couple d'adolescent en train de s'embrasser gloutonnement, et cinq collègues de travail, enfin c'était ce que je me permettais de déduire grâce à leurs tenues vestimentaires costume-cravate. Les discussions planaient au-dessus de la musique d'une sonorité particulièrement élevée, mais assez basse tout de même pour que les gens s'entendent et ne soient pas obligés de crier à tout bout de champ pour que leur interlocuteur puisse daigner percevoir un mot. C'était ma petite fantaisie, à chaque fois que la patronne me laissait la gérance du bar car elle avait une obligeance autre part, et ainsi donc j'en profitais. Je ne le cachais pas à ma patronne cependant, elle connaissait bien mon petit manège quand elle me confiait le Honey Pub mais elle n'avait jamais dit un mot dessus, elle m'avait malgré tout soufflé que tant je ne faisais pas fuir les clients et surtout les nouveaux venus, je pouvais faire tout ce qu'il me souhaitait. Après tout, cela me semblait normal, car c'était grâce aux clients qui venaient que mon salaire mensuel se formait, et je ne voulais en aucun cas qu'il diminue. Vaquant au nettoyage des nombreux verres consommés plus tôt vers l'heure du déjeuner, je m'y attaquais, la montagne de vaisselle me faisant soupirer d'exaspération d'avance. Malgré ces petites contraintes obligatoires, je me plaisais dans ce boulot que je connaissais depuis longtemps : ma tante tenait un bar, et j'adorais l'aider, mon premier boulot fut d'être serveuse et c'était un métier certes difficile, mais où je me sentais bien, ayant régulièrement la bonne entente avec les consommateurs que je pouvais rencontrer lors de mon service. Si on me proposait un beau jour un autre boulot, je refuserais sans la moindre hésitation, et c'était pareil si on me proposait de travailler dans un autre bar. Je m'étais bien implantée dans le Honey Pub, et je ne me déracinerais qu'en cas extrême.

J'entendis une voix qui s'éleva de derrière mon dos et je me retournais tout en sursautant. Je ne l'avais pas entendue arriver, étant trop concentrer dans ce que je faisais, ou plutôt sur le fait que plus tôt j'aurais fini cette tâche déplaisante, je pourrais m'occuper à d'autres choses beaucoup plus à mon goût. J'usais toujours de mon sourire gratifiant pour accueillir les clients, mais mon sourire se dérida brusquement en voyant la personne qui me faisait face. Lena. Je pus remarquer qu'elle était aussi surprise que moi, sans doute ne s'attendait-elle pas à me voir sur ce lieu de travail. Un sentiment étrange me prit d'assaut. J'étais contente de la revoir car c'était une amie, même une très bonne, avec qui je m'entendais bien. Mais d'un autre côté, j'étais un peu déconfite. Devon lui en voulait d'être parti sans lui dire au revoir, et c'était de ma faute, car j'avais dit à Lena d'accomplir son rêve en partant en France. Je l'avais quasiment forcée à vrai dire, mais comme si je lui donnais un conseil en temps que bonne amie. J'avais été jalouse d'elle, car elle et Devon étaient trop proches à mon goût, et faire partir Lena de l'autre côté de l'Atlantique s'était révélé être la solution. Je n'aurais jamais pensé qu'elle oublierait d'annoncer son départ à Devon, ou de lui donner de ses nouvelles. Peut-être l'avais-je trop pousser... Je me sentais confuse.

- Lena..! Le plaisir est réciproque. Ca peut aller et toi ?

J'observais cette belle demoiselle, abordant de nouveau mon sourire. Un pincement de jalousie titillait mon coeur, mais je savais qu'ils ne se reparleraient sans doute pas avant longtemps, et ma jalousie laissa place au soulagement. Je savais sa venue, qu'elle était de retour à Wisteria Falls. Elle était partie quelques années, et elle n'avait donné aucune nouvelle à personne du coin. Le soulagement fut remplacer par une légère rancoeur. Car malgré ce que j'avais fait -et dont je n'étais pas très fière à présent-, j'appréciais Lena, et ne pas avoir eu de ses nouvelles m'avais inquiété, aucun doute ne pouvait se faire là-dessus.

- Comment s'est passé ton voyage ? Pourquoi ne nous as-tu pas donné de tes nouvelles ?

On pouvait sentir ma déception dans ma voix, je n'avais pas l'intention de cacher mes sentiments sur cela. Je continuais d'essuyer le verre que j'avais en main, ne quittant pas des yeux mon amie fraîchement revenue dans la petite ville de Wisteria Falls.

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J'étais une personne qu'on peut qualifier de sincère. Je l'es toujours été. Je ne dis pas que je n'ai jamais menti, cela m'arrive comme à tout le monde, mais je suis le genre à assumer entièrement mes faits et gestes. Après, ce que les gens peuvent confondre avec le mensonge, c'est que je suis également le genre de personnes qui cache une intention derrière une autre, mais dans mon cas les deux intentions sont vraies. La preuve même avec Lena. C'était une de mes amies et je tenais à elle, je l'avais donc poussée à réaliser son plus grand rêve car je voulais qu'elle fasse ses plus grands projets, mais ma réelle intention était tout d'abord de l'éloigner de Devon, à cause de ma jalousie que j'avais envers toutes les femmes qui lui étaient proches. C'était ainsi et je ne pouvais rien y faire, mais ma jalousie était plus grande que la confiance. Je ne pouvais qu'affirmer le fait qu'amour rime avec jalousie, que l'un ne va pas sans l'autre. Cela pouvait me rendre malsaine, mais je ne m'en rendais pas compte. Mon regard s'abaissa sur mes mains qui s'affairaient à essuyer les verres propres, puis à les entasser pour ensuite les ranger à leur place respective, dans les étagères qui se trouvaient sous le comptoir du bar. Lena était de nouveau réapparu dans ma vie, dans notre vie, après tant d'années -certes j'exagérais, car quelques années alors qu'on avait l'éternité, c'était peu-, mais le manque de nouvelles s'était fait gravement ressentir. Mais pouvais-je vraiment lui en vouloir ? J'étais en quelque sorte la responsable de son brusque départ, et son retour, malgré le fait que je ne le montrais pas forcement, m'envahissait d'une joie intense et profonde, mais tout aussi incertaine. Elle était mon amie, une amie de qui j'avais été proche et notre amitié, je le savais, était indétruisable. En gros, je ne savais comment me comporter face à elle.

- C'est pour cela que tu es venue ici ? Tu peux me donner ton CV si tu veux, dis-je en voyant les feuilles qu'avaient entre les mains Lena. Je le donnerais à la patronne quand elle sera de retour. Ce serait une bonne chose si on bossait ensemble.

Je le lui avais dit avec un sourire sincère. De cette façon, on pourrait se reparler comme avant, faire L'idée de l'avoir comme collègue de boulot n'était pas une mauvaise chose en soi, car on passerait de bons moments ensemble, et je saurais ainsi que elle ne serait pas avec Devon pendant mes heures de service, même si on aurait pas forcement les mêmes horaires de travail. Oui, encore une intention cachée derrière une autre. Je le savais, c'était mon plus gros défaut mais je n'y pouvais rien, j'étais ainsi. J'essuyais mes mains pour prendre les feuilles que me tendait Lena et les posa sur le cahier des comptes, dans le tiroir près de la caisse.

- Ce n'est pas grave Lena, tu devais être occupée, mais je ne te cache pas que ton manque de nouvelles n'a pas joué en ta faveur.

Je levais mon regard sur elle. Accoudée au comptoir, elle est resplendissante et avait l'air malgré tout épuisée. J'essayais de la rassurer aussitôt, sentant que mes paroles avaient été peut-être trop franches, avec un regard compatissant.

- Mais ne t'inquietes pas, tout s'arrangera. Tu veux boire quelque chose ? Cadeau de la maison.

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Après avoir posé les feuilles que m'avaient donné Lena dans le tiroir dû à cet effet, je terminais de laver les quelques derniers verres qui restaient dans l'évier, avant de les essuyer rapidement et de les ranger. J'en laissais cependant deux sur le comptoir, que je servais copieusement de bourbon, tout en souriant à la remarque de mon amie, comme quoi je serais cachottière si je lui disais que je ne buvais pas de temps en temps pendant mon service. Elle me connaissait bien, voir même très bien, il n'y avait aucun doute là-dessus, et c'était réciproque. Cependant, cela ne m'avait pas empêché de la pousser vers ses rêves et donc vers des futurs problèmes, conséquences dû à son départ, et elle n'y avait vu que du feu, étant donné qu'elle n'avait fait aucune remarque sur ce fait. Je ne savais pas ce qu'elle pouvait penser ou bien imaginer, mais elle n'en aurait parlé, que ce soit par sous-entendus ou non. Mais rien. Niet. Aucun signe de la part de Lena me permettant d'affirmer si elle avait aperçu mon double jeu ou si du moins elle percevait quelques doutes à mon sujet. Mais je me sentais confiance, malgré les interrogations que je pouvais avoir sur ma perception de voir les choses, qui se révélait quelques fois erronée.

- Ca dépend de ce que tu entends par choses niaises et sentimentales...

Je lui tendis son verre qu'elle saisit, puis je trinquais avec elle avec un sourire, fêtant ainsi en quelque sorte son retour parmi nous, ou tout particulièrement à Wisteria Falls. Elle but une gorgée et j'en fis de même, nos verres se reposant sur le comptoir avec un petit tintement semblable. J'avais bu exactement comme je buvais ses paroles, avec une attention et un intérêt tout distingué. Aujourd'hui, ça allait être la journée des retrouvailles, des souvenirs mais aussi des confidences, ce qui était moins sûr de mon côté pour cela. Le discours de la belle brune était contraire à son sourire, elle semblait bien malheureuse et je savais à quoi c'était dû. Je me demandais si ma jalousie me rongerait ainsi durant toute l'éternité, et si cela briserait à force notre amitié qui était si forte et si incroyable. Mon rôle d'amie consistait à la rassurer et la réconforter dans ce genre de moment, mais les mots ne me venaient pas spontanément, sûrement à cause du poids de la culpabilité qui se montrait pesant sur mes épaules. Je mis un certain temps avant de les trouver et de les prononcer.

- Lena... Si de mon côté tu as obtenu facilement mon pardon, c'est que c'est moi qui t'es poussée à aller en France. Laisse le temps à Devon de te pardonner.

Je savais à quel point Devon était énervé et furieux par le fait que Lena soit partie sans rien lui dire, et c'était évident qu'obtenir son pardon révélait de mission impossible. Mais comme on dit il ne faut jamais dire jamais, il suffisait d'appliquer ce proverbe avec le mot impossible, car avec le temps, il fallait espérer que la colère du premier Vampire s'abaisse peu à peu. Mon regard fut attirer par une personne s'accoudant au bar, et j'allais rapidement le servir, avec les quelques phrases de politesses, avant de revenir vers Lena. Celle-ci se trouvait dans une posture complexe, mais je ne pouvais l'aider qu'en tentant de raisonner Devon. Le raisonner à quoi, d'ailleurs ? Il fallait que j'essaye de retirer Lena de cette situation dans laquelle elle ne s'était pas volontairement mise, car voir ainsi mon amie et mon compagnon, qui ne se parlaient aucunement, ne me donnait pas la satisfaction que j'espérais en commettant l'acte que j'avais souhaité. Je passais une main dans mes cheveux, les mettant en arrière. Certaines mèches retombèrent sur mon visage, et je les plaçais derrière mes oreilles, avant d'ajouter.

- Ecoute, je vais essayer de faire mon possible pour que ça aille mieux entre vous.

Je bus une deuxième gorgée de mon bourbon, avant de regarder Lena. Elle comptait sur moi et sur mon amitié, et pour une fois je me promis de ne pas la décevoir, même si cela se vouait à l'échec.