Je suis née le jour de la Saint Parfait, c'est-à-dire le 18 avril. Pourtant, cela n'a en rien affecté ma personnalité. Je ne suis pas parfaite, non je suis même tout le contraire. Fille d'un sorcier et d'une mère banale. Mère que j'ai connue les quatre premières années de ma vie. Elle a totalement disparut juste après le divorce, a-t-elle demandé à me revoir ? Non. A croire qu'elle cherche à me fuir ... m'abandonner. Est-ce que je lui en veux ? Non après tout elle a été utile en deux points. Le premier c'est qu'elle m'a donné la vie -bien entendu-. Le second fut de me donner les gènes irlandais. Chose dont je ne suis pas peu fière. Par la suite mon éducation a été surveillée par mon père et mon frère, enfin demi-frère. Un grand frère dont je ne peux me détacher.

Ma vie est donc entourée de deux hommes. Alors, à la question «as-tu été élevée comme une princesse ? », je peux répondre haut la main : non ! Pour développer la part de féminité en moi je me suis toujours débrouillée. N'ayant que des exemples masculins sous la main, ne croyant pas à la féminité artificielle de la télé, j'ai passé beaucoup de temps chez mes amies. Observant leurs mères, chacune d'elles m'ont prise sous leurs ailes, m'apprenant plusieurs activités. Telles la couture, la cuisine, ainsi comment une femme doit bien se tenir. Pourquoi mon père ne passait-il pas du temps avec moi ? L'éducation de mon frère primait. Pas n'importe laquelle, son éducation sur la magie.

Nous y voilà, un sujet sensible, une corde bien tendu dans ma vie : la magie. Mon père, mon frère sont des sorciers et moi ? Je n'ai aucune goutte de magie dans les veines. Même si je ne le montre jamais, je suis jalouse. Envieuse du temps que mon père passe avec mon frère. La magie est une barrière entre ces deux hommes et moi. J'aime ma famille, mais je suis jalouse de la magie. Je me revois encore souvent le soir, priant quelqu'un, quelque chose, pour me donner une goutte de ce puissant nectar. Je veux briser la glace, la muraille qui existe entre eux et moi. Cependant, rien n'est venu. J'ai pris ma vie en main. Et pendant l'enseignement que mon père apporte à mon frère par à côté j'ai fait la cuisine, le ménage. Je suis devenue une fille totalement indépendante rentrant dans l'adolescence.

Mes études en elles-mêmes se déroulent plutôt bien, ayant un penchant pour la chimie, mes notes en scientifique sont assez élevées. Quant aux restes des matières, disons que je me contente simplement de la cinquième place -que c'est médiocre !-. Pleine de joie, de vie, je me suis toujours retrouvée facilement entourée. Remplie d'une énergie parfois incontrôlable, je me suis inscrit à plusieurs activités, tel que les arts martiaux, ou le chant. Rentrant dans différentes chorales, j'ai pu donner deux, trois spectacles. Mais j'ai toujours préféré chanter dans ma chambre quand la maison est vide. Demeure bien souvent inoccupée depuis les 18 ans de mon frère parti pour ses études. Mon père se fait de plus en plus absent. Une chose sourde en moi monte. Une inquiétude comme si un malheur allait frapper, vers mes 17 ans. Mais je force la bête de l'inquiétude à se renfermer, décidant secrètement de suivre dès que possible mon père.

Pour cela il fallut apprendre l'histoire, les prophéties et le fonctionnement de la société des sorciers. Comprendre le comment du pourquoi. Le résultat de tout cela, c'est que je me suis rendu compte que mon père s'investit bien trop dans cette histoire de sorcier et vampire. Vient alors une période un peu tendu à la maison, essayant de retenir mon père à la maison. Faisant en sorte que mon frère ne soit pas au courant de mes techniques de manipulation, remerciant son boulot de l’avoir envoyé en Allemagne. J'y ai réussi un temps, oui c'est vrai ... mais ce auquel je n'ai en aucun cas pensé, c'est que cette guerre s'immiscerait dans le foyer même. Il y a sept mois de cela tout s’est précipité, mon frère est rentré à la maison. Tous mes plans sont déjoués par une force méconnue et mon instinct, mes rêves, me murmurent des choses bien noires. La mort de celui que j'appelle si affectueusement papa.

Et cela c'est réalisé. C'est en revenant de mon cours de chant, qu'à l'entrée de la maison j'y trouve le corps inerte de mon père. Par la suite tout se passe très vite, j'appelle mon frère. Commence à pratiquer un massage cardiaque, demandant de l'aide. Tout est perdu je le sais bien à son expression : la mort l'a déjà emporté. Pourtant, je m'obstine, je continue le massage, à m'en faire saigner les mains. Des sorciers spécialisés dans je ne sais quoi arrivent trop rapidement, trop lentement. Ils m'ont éloigné du cadavre de mon père, les yeux pleins de larmes, hurlant son prénom. Je sais que c'est sa fin, que tout ce que j'ai fait n'a servi à rien. Cependant, je ne veux pas y croire. Je sais que même s'il y avait une distance par la magie, je l'aime et il m'aime. Mon frère est arrivé peu de temps après. A partir de là tout est flou, du moins il y a une semaine sans aucun souvenir dans ma tête. Peut-être que mon frère avec ses pouvoirs m'a effacé ces souvenirs.

Six mois se sont écoulés par la suite avant d'arriver dans cette ville « perdue » (bah oui par rapport à Londres) où j'ai suivi mon frère. En même temps je n'ai pas le choix. Devant mon frère, je suis une parfaite étudiante. Finissant ses années lycée dans les premières de classe, nettoyant la maison, préparant à manger et continuant ses activités d'adolescente normale. Pleine de vie, je fais en sorte qu'à la maison mon frère ai toujours le sourire, lui raconte parfois mes journées banales, ou lui propose des inventions totalement hallucinante. Mais une autre face se cache. Tout doucement je pénètre dans un endroit où sûrement peu d'immortels osent y poser le pied. Mais pour la mémoire de mon père, pour son amour envers les humains je me dois de retrouver ne serait-ce qu'une trace de son assassin et si possible le venger.

Depuis la mort de mon père, je me suis rendu compte que je possède comme une sorte de don. J'ai recherché dans l'histoire et déduit que le nom qu'on lui donne est Précognition. Un nectar de surnaturel bien utile. Indétectable par mon frère, je m'en sers de sorte à me protéger d’éventuel danger lors de mes recherches. Ou encore contre mon frère, afin que ce dernier n'arrive pas à savoir ce que je mijote. Je sais que ce que je fais est totalement inconscient. Peut-être vais-je trop loin. Mais comme je dis souvent : je me dois de choisir mon chemin de vie.