Nemo était en ville depuis moins d'une semaine, il avait fait des rencontres intéressantes, et d'autres moins. Il avait déjà eu l'occasion de se battre dans le quartier Est de Gotham qui était le moins bien fréquenté, mais ce n'était jamais que de la petite racaille, des bars à putes et des hommes désespérés. Lui, s'il passait ses journées dans ce quartier, ce n'était certainement pas pour un souci d'intégration, c'était pour son travail. Pour tuer Trishka, il l'avait rencontré, et il en portait encore les brulures dans son coeur d'un amour stupide, un amour d'adolescent qui n'avait plus lieu d'exister, mais pourtant... Adam devait cesser de se comporter comme un adolescent, dix ans s'étaient écoulés depuis, il était tant de changer, de grandir. Pourtant, il ne se comportait jamais comme un gamin, Nemo était un homme sûr de lui ; il ne faisait jamais d'erreur, oui. Mais là, il n'était pas question du tueur russe, il était question d'Adam, un homme qui n'existait pour personne, un homme qui se cachait derrière ce Nemo qu'il avait inventé pour se donner l'air d'exister. Il se levait ce matin là avec beaucoup de peine, la nuit avait été si dure, il n'avait su trouver le sommeil, alors il était parti rejoindre une camarade russe, la réveillant au bon milieu de la nuit, mais devant l'invitation elle ne refusait pas et lui donnait son corps pour qu'il s'épuise et puisse enfin trouver le sommeil. C'était assez spécial, mais il était ainsi. Il ouvrait ses paupières, laissant ses iris bleues s'habituer à la lumière, il sentait deux bras qui entouraient son torse et ses doigts qui caressaient doucement ses muscles. Il refermait les yeux alors, profitant de ces instants de douceurs qui lui faisaient juste oublier le reste. « Est-ce que Nemo a envie de remettre ça ? » Interrogeait la blonde en déposant ses lèvres dans son cou en resserrant ses bras autour de lui. Il répondait d’un ton assez froid « Non. Je dois y aller. J’ai beaucoup à faire. » Probablement qu’Adam serait resté au lit avec la jeune femme pendant des heures, mais Nemo lui, devait avancer, il devait poursuivre ce qu’il était venu faire, même si c’était dur, il le devait, il ne renonçait pas. La jeune femme soupirait déçue et le libérait de ses bras en lui demandant de revenir la voir lorsqu’il en avait le temps, il lui promettait d’y penser.

Il sortait enfin du quartier chic de Gotham, il avait laissé ses affaires de la veille chez elle et avait enfilé ceux qu'il avait laissés le premier jour de son arrivée. Il portait un jean sombre et une chemise noire, il faisait beau ce jour là. Alors, il avait décidé de se donner la journée pour réfléchir, pour voir autre chose. Il avait besoin de solitude, de faire un tri plus que nécessaire dans sa tête, il avait besoin de l'oublier. Alors, ce n'était pas à l'est de la ville qu'il se dirigeait, il décidait de profiter de la journée pour explorer autre chose. En chemin il volait des clopes à un passant puis un briquet à un autre. Il fumait en marchant, il se dirigeait vers le quartier industriel, il était rare qu'il se déplace à pied, il aimait bien trop ses voitures, c'était la seule chose qui l'amusait mis appart les femmes, rouler, s'en aller, partir loin, être capable de parcourir le monde entier. Il s'arrêtait devant un parc d'attraction abandonné, c'était assez spécial comme endroit, assez fantomatique, il ne doutait pas qu'il devait se passer des choses absolument passionnantes à cet endroit, ou pas, il n’y avait qu’une seule façon de le savoir. Alors, il poussait la vieille grille rouillée qui fit un grincement à vous faire frissonner jusqu'au plus profond de vos entrailles. Il traversait le parc la main dans la poche, l'autre tenait « sa » deuxième cigarette qu'il fumait tranquillement, il y avait un clochard qui dormait dans un wagon, un autre dormait contre des rails. Nemo n'était pas le genre à leur balancer une petite piécette, chacun sa merde comme il disait. Il méprisait les gens sans logis, il songeait que s'il en était là, il y avait une bonne raison, il songeait que s'ils voulaient vraiment s'en sortir il le pouvait. Lui, s'il voulait se reconstruire, il le pouvait, mais il n'en avait pas la foi, il s'était fait à l'idée de ce qu'il était, ou plutôt de ce qu'il n'était pas...

Des clochards ? N'y avait-il que cela à voir ? Il devait s'avouer assez déçut. Puis il apercevait une silhouette au loin, une jeune femme, il pouvait voir de là où il était qu'elle avait un corps de rêve, mais il ne pouvait voir ce dont à quoi elle ressemblait, le soleil dans les yeux ne le faisait que voir une ombre. Et l'ombre après l'avoir observé s'éloignait, et évidement il se mit à se diriger vers celle-ci, il tournait dans la direction où il l'avait vu fuir, en direction du manège hanté, il souriait, il devait avouer que les situations dangereuses avaient le don de le combler d'une façon inexplicable. Il marchait à pas particulièrement lents et silencieux, il traquait la demoiselle, juste pas ennuie, juste pour voir ce que cela donnerait, juste parce qu'il aimait jouer. Puis il apercevait son ombre, elle était là, juste derrière ce panneau, son ombre dépassait, dommage pour elle. Cela dit, il n'avait guère l'intention de la tuer, juste de s'amuser un peu... Il dirigeait doucement sa main gauche vers sa hanche pour tirer son revolver, puis il s'approchait à pas lents vers cette ombre, il se plaçait enfin devant celle-ci, et se trouvait nez à nez avec... Un pantin. Un monstre du manège. Il pouffait de rire et lançait dans le néant à l'adresse de la jeune femme qui avait placé ce monstre qui vacillait encore de son transport hâtif « Bien joué... » Il levait ses yeux azurs pour voir si des fois elle ne serait pas perchée là haut, de toute évidence non, il tournait sur lui-même et rangeait son arme, pour sauter sur l'estrade du manège et entrer à l'intérieur de celui-ci escaladant un tas de débris, il la cherchait du regard, il devait avouer que l'obscurité n'était pas son point fort, puis il entendait un bruit derrière lui, alors il se précipitait hors du manège, il l'apercevait dehors. Il prit impulsion sur sa jambe droite et sautait hors du manège et se mit à la courser, évidement il ne mit pas bien longtemps à la rattraper, étant plus grand qu’elle c’était un réel avantage. C'était exactement pour ce genre de comportement de chasse à l'homme, et dans le cas présent, à la femme qu'on disait qu'il allait finir par mourir d’une façon absolument stupide, lui, si professionnel, si intelligent, c’était parce qu’il se foutait de vivre qu’il risquait de mourir. Nemo plaquait la jeune femme au sol avec violence, si elle était abimée il se ferait un plaisir de jouer au docteur si elle était mignonne. Il lui demandait alors tenant ses bras dans son dos « Pourquoi tu fuis ? » demandait-il enfin. Oui c'était assez stupide comme reflexe, elle fuyait, il al coursait, il la rattrapait et maintenant elle allait devoir lui raconter ce qui l'avait ait fuir, puis cela l'intérêt qu'il pourrait tirer de ce qu'il apprendrait, il aviserait. Et si quelqu'un la cherchait ? Ce serait d'autant plus excitant. Il restait là, faisant appuis sur elle pour l'empêcher de fuir à nouveau, il attendait qu'elle réponde, et si elle refusait il avait un couteau qu'il pourrait éventuellement utiliser pour la faire parler. Il aimait beaucoup les journées où il trouvait quelqu’un pour jouer avec lui...

Perdre son logis ? Pas une situation agréable, hein. Héléna se sentait totalement ridicule, d'être à la rue, sans l'endroit si familier dans lequel elle vivait. Dorénavant, elle logeait dans un appartement où le sang avait pris sa place. Un crime passionnel qui avait viré à l'orgie sanglante. Pandora aurait bien aimé y participer. Cependant, elle était légèrement occupée avec une bande de soldats qui désiraient qu'une chose: l'abattre. Pas très sympa tout ça, n'est ce pas ? Pour le moment, le calme était revenu, mais pour combien de temps ? Elle savait qu'il fallait arrêter de jouer, enfin passer à quelque chose de plus sérieux, de plus stratégique. Faire face, seule, à la justice de Gotham, elle n'en était pas capable. De plus, faire sa tueuse solitaire, c'est risquer gros. Il lui fallait des sbires, des coéquipiers, des partenaires, quelque chose comme ça. Agir seule lui coûtait énormément. Elle observa, alors, la blessure qui s'était installée sur sa hanche. La balle était restée dans la plaie et l'enlever avait été très douloureux. Survivre n'avait pas été une mince affaire. La douleur avait su s'abstenir durant sa course poursuite mais la nuit l'avait réveillé. Sa souffrance fut si intense que le trou dans son corps devint plus grand, à force de chercher la balle cachée, à l'aveuglette, sous le coup de la colère. Cependant, elle avait réussi à stopper son sang et soigner sa blessure, en attendant de rencontrer quelqu'un de mieux placer qu'elle pour s'en charger. En plus de ce souvenir de la veille, les effets secondaires firent rapidement leur apparition.

Pandora devait sortir, à tout prix. La journée commençait lentement et ce n'était pas le moment que préférait la jeune femme. Tout ce qu'elle n'aimait pas, à vrai dire. Elle se leva, renversant au passage le cendrier remplit de mégots. Elle chercha la salle de bain, pendant quelques minutes, nageant dans le brouillard complet et n'ayant pas encore ses repères dans ce lieu. L'eau froide la réveilla brusquement. Les légers frissons qui parcouraient sa peau la sortirent de ses pensées, vite. Sortant de la douche, elle regarda sa montre. Dans quelques heures, elle allait subir les effets de l'utilisation du virus. Malgré que ce pouvoir lui ait permis de fuir, elle allait en payer les conséquences. Elle soupira, passant la brosse dans ses cheveux emmêlés. Si elle retournait à l'entrepôt, elle pouvait se faire arrêter. Cambrioler une pharmacie en plein jour, compliqué. Le marché noir ? Bonne idée. Elle posa l'objet sur le bord du lavabo et enfila un jean, un débardeur blanc et un pull gris. La capuche couvrant sa tête, elle prit la porte de sortie. Elle fouilla dans ses poches, cherchant sa drogue. Le paquet glissa dans ses mains et Pandora en retira une cigarette, la coinçant entre ses lèvres pour l'allumer. Arrivant vers la porte d'entrée du bâtiment, la jeune femme hésita. Son agoraphobie persistait mais si elle ne sortait pas, pour prendre l'air et trouver des médicaments, elle allait devenir folle.

Dehors, les rues de Gotham étaient vivement animées. Les conversations venaient de partout, les bruits de pas, la pollution causée par les transports à moteurs. Les sourires niais et innocents de chaque personne que croisait Pandora. Si seulement les gens se doutaient un minimum de ce qui se tramait au fin fond de Gotham, les rues seraient vides. Pour le moment, Pandora ne désirait qu'une chose: fuir ce bordel. Elle connaissait un endroit dans lequel elle pouvait être totalement tranquille. Le parc d'attraction abandonné. Sa route prit le chemin de ce lieu abandonné depuis des lustres. Les manèges hantaient cet endroit, avec le rire des enfants. Au moins, elle serait tranquille là bas. La foule se fit moins dense, permettant à la folle de se faufiler plus vite vers l'endroit visé. Plus étroit, plus lugubre. Les clochards jonchaient les trottoirs de cette rue sombre. Elle n'avait pas peur, malgré les sifflements à tendance peu catholiques et les gestes légèrement osés. Elle connaissait bien ce milieu. Elle y était tout de même née. En y repensant, elle savait que la ruelle parallèle à celle là... Non, elle ne voulait pas y penser. Un côté était satisfait des monstruosités faites à l'époque, l'autre... Dégoûté. Pandora ferma les yeux quelques secondes puis les rouvrit, inspirant un grand coup. C'est à ce moment qu'elle sentit cette présence, une présence étrange. Elle ne s'en occupa pas et se dirigea vers l'entrée du parc.

La concentration de clochards y était plus grande. Mais les regards noirs de Pandora en calmèrent plus d'un. Personne ne leva les yeux pour l'observer. Certains se cachèrent, la laissant seule au milieu de cette immense parc d'attractions. C'était un rêve d'enfant de pouvoir, un jour, y poser les pieds. Ça aurait mieux s'il était encore en marche. Alors qu'elle avançait, un sixième sens lui indiqua qu'elle n'était pas seule. Cette situation l'agaçait. Au détour le plus proche, elle se mit à courir aussi silencieusement qu'elle put. Elle attrapa une poupée qui trainait sur le sol et l'installa rapidement derrière un poteau. Cela allait distraire son poursuivant, le temps qu'elle se faufilait autre part. Une voix d'homme l'interpella. Hm... Un garçon. Tiens, pourquoi ne pas jouer ? Elle tourna autour du manège, cherchant à l'atteindra par derrière. Cependant, un débris se brisa sous son pied, causant un bruit qui annonçait sa position. Elle pesta, voyant l'homme se dirigeait vers elle... Armé. Elle se mit à courir. Faire face était stupide. Fuir était marrant. Ils pouvaient jouer à cache-cache mais à cet instant, il fallait qu'elle le devance. Cependant, étant plus corpulent qu'elle, elle succomba sous son poids.

Couchée au sol, la poussière s'installant sur ses lèvres, elle avait mal, oui, très mal. La plaie sur sa hanche se rouvrit, le sang coulant lentement. Avec son poursuivant la bloquant, elle ne pouvait pas bouger. Simplement attendre. Elle se pinça les lèvres, ne se débattant pas, ne cherchant pas à se libérer. Elle en ferait qu'empirer son cas et si le virus s'activait, elle paierait le double des effets, dans peu de temps. La question de son agresseur la fit sourire. Elle explosa même de rire mais se fut de courte durée, la douleur la prenant de nouveau. Elle inspira et sourit légèrement.

" Qui te dit que je fuyais ? "

Il fallait qu'elle bouge, sinon, son sang allait continuer de couler et le résultat ne sera pas très sympa. Si la force ne marchait pas et ne faisait qu'empirer la situation, les mots pouvaient être utile. Pandora calma sa respiration, agacée de s'être fait dominée, et prit un ton calme, voir même sensuel. Elle ne pouvait pas non plus le tuer, ce jeune homme. Il avait réussi à l'avoir. Et c'était loin d'être un flic. Elle savait comment la police, même hors service, agissait. Il était doué et elle ne pouvait pas le nier, même si elle ne voyait pas encore en quoi elle pouvait lui porter un certain intérêt. Peut être juste pour son tact et sa condition physique ? Oui, il était le centre de ses pensées, même si elle n'avait pas encore vu son visage. Elle réfléchissait à ce qu'elle s'était dit hier.

" Bravo. Tu m'as eu. Je pensais pouvoir jouer avec toi plus longtemps. J'ai mal calculé mon coup. Tu es doué. Peu de gens ont réussi à m'attraper. Cependant, il serait préférable que tu me relâches. Je n'aime pas trop quand la partie est de courte durée. "

Il l'avait eut, avec facilité. Il devait s'avouer assez déçut dans le fond, mais les quelques secondes de jeux avaient suffit pour lui faire oublier la russe et cela lui avait fait un bien fou. Oui, réfléchir à comment tuer quelqu'un le plus cruellement possible vous occupait considérablement l'esprit et vous empêchait de penser à autre chose. Alors, il avait enfin trouvé une petite distraction qui fut de court terme certes, mais ne jamais penser que c'était fini, tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir il parait. Cette petite chasse l'avait bien amusé il devait l'avouer. La jeune femme ne se débattait pas, probablement qu'elle avait compris que c'était inutile d'essayer, il avait posé sur elle tout son poids sans se demander si elle tiendrait le coup, il ne serait pas à son premier meurtre, mais meurtre par écrasement serait une première cela dit. Alors, il lui demandait pourquoi elle fuyait, et elle se mit à rire, il plissait les yeux de colère, mais son rire fut étouffé de douleur alors il dessinait sur ses lèvres un sourire des plus sadiques, ravi qu'elle ait mal cette vile moqueuse, Nemo n'était pas de ceux qui aimait que l'on rit de lui. D'ailleurs, il ne bougeait pas d'un centimètre pour faire durer le plaisir. Puis ses yeux azur se posaient sur le béton qu'il voyait saigner, enfin, c'était plutôt elle qui saignait... Il posait ses mains de chaque coté de la jeune femme lentement, la libérant doucement de son poids, Nemo écoutait cette fuyarde le féliciter, il souriait amusé par ce qu'elle disait et répondait d'un ton assez froid cassant la sensualité qu'elle avait tenté d'installer entre eux « Merci, mais... Je n'ai aucun mérite vu ton état. » Il devait avouer qu'elle lui plaisait bien cette petite, non pas par le fait qu'elle le complimente, il avait tout ce qu'il voulait de ce coté là, il n'avait qu'à demandé pour qu'on lui chante ses louanges, qu'on vante ses talents, son physique, ses yeux, ce qu'il était. Mais au final il n'était rien, alors c'était pour cela que les compliments le laissaient de marbre, il n'arrivait pas à croire que tout cela puisse être vraiment pensée, ses compliments étaient destinés à Nemo, mais l'homme lui, n'avait rien. Alors, tous les compliments étaient à ses yeux des fables, ce n'étaient à ses yeux que des mensonges, comme tout le reste. Sa vie était un mensonge, Nemo était un mensonge, il n'y avait pas de vérité, Adam n'était pas, il n'avait jamais existé, et pourtant, c'était lui qui détenait toute la vérité sur sa vie, sur ce qu'il était. Mais Adam s'était laissé habité, c'était plus simple, on lui avait donné cette identité depuis toujours, du moins, depuis aussi loin que ses souvenirs le menaient, on l'avait appelé Nemo parce qu'il n'était personne, on avait continué à l'appeler ainsi pour qu'il ne devienne jamais rien d'autre qu'une machine de guerre.

« Même si je te relâchais tu n'irais pas bien loin... Mais on va faire un jeu d'accord ? » Soufflait-il en la soulageant entièrement de son poids, une main posée sur son épaule, elle se faisait docile. A vrai dire, même si elle n'était pas d'accord elle serait obligée de jouer avec lui, c'était ainsi la vie, il décidait, c'était lui qui dominait, il aimait avoir cette position de force, qui n'aimerait pas ? Sa seconde main allait chercher sa lame qu'il venait lui présenter devant les yeux alors qu'il était toujours au dessus de son dos. Il poursuivait d'un ton alors moins froid, une voix chaude qui exprimait l'envie de s'amuser un peu : « Moche, tu meurs. Belle, tu vis. ... Arbitraire je sais, mais on s'amuse avec ce qu'on a. » Oui, jeu cruel, car la nature était inégale pour tous, mais il s'en fichait, c'était lui qui faisait ses propres règles du jeu, il aimait jouer, mais encore plus lorsque sa partenaire était agréable à regarder, c'était d'autant plus excitant. Il l'avouait, ses meilleurs meurtres et tortures avaient été envers de très belles femmes, il leur voulait une douleur, une mort à la hauteur de leur beauté, voilà pourquoi il se cassait tant la tête pour éliminer Trishka. Et puis, ce serait probablement lui rendre service. Alors, il fit basculer apportant sa lame sur sa gorge, ils allaient se découvrir, et lorsqu'elle fut face à lui, il fixait la jeune femme quelques secondes, détaillant son visage de ses yeux cyans, elle était belle. Non, en fait, elle était très belle, une beauté assez unique d'ailleurs, il y avait quelque chose en elle qui lui plaisait, oui, il se surprenait déjà à de nombreuses pensées malsaines, Nemo était décidément bien incorrigible. Il plongeait ses iris bleus dans ceux de la jeune femme, il y voyait une certaine forme de folie, mais c'était assez différent, il voyait aussi qu'elle n'était pas ravie d'être ainsi soumise à son jeu, ce qui le fit faiblement sourire avant de lui dire « Hum... Probablement viendrais-je plus souvent faire un tour de manège... » C'était une phrase assez risible venant d'un homme qui n'avait jamais fait le moindre tour de manège... Enfin... Peut-être que si... Mais, il ne se souvenait pas, non. Toute son enfance avait été gommée et avait laissé place au sang, il ne savait pas si ses parents l'avaient déjà emmené faire un tour de manège, ni s'il s'y était amusé, ni même quelle sensation ça apportait. Il l'ignorait, il était né adulte, né tueur, né personne. Il y avait tellement de questions de sur enfance oubliée qui n'avaient pas la moindre réponse, il vivait en se demandant si un jour il se souviendrait enfin, est-ce qu'il souffrirait de découvrir l'atroce vérité ? Comment le savoir ? Pourtant, on lui avait dit qui il fut. Oui, on lui avait dit ce qui était arrivé, mais ça ne le touchait pas, parce qu'il ne l'avait pas vécu, mais il l'avait vécu, il l'avait seulement oublié, effacé, amnésique. Il avait fini par accepter ce fait, il n'en avait pas vraiment le choix. Il la fixait, un air malicieux dans le regard et un sourire satisfait sur les lèvres, il songeait que peut-être finalement la journée n'allait pas être perdue.

« Cela dit... Je serais ravi de jouer avec toi... Mais remettons cela à plus tard, quand tu seras en mesure de me donner tout ce que tu as, je déteste qu'on me fasse de la sympathie. » Déclarait-il en faisant tourner la lame entre ses doigts avant de la faire disparaitre dans sa manche. Il caressait doucement son joli visage du bout des doigts, elle semblait avoir passé une nuit épouvantable... Voir même les jours précédents. Il souriait, non, il n'avait pas l'intention de la tuer, ni à ce jour, ni plus tard. Il voulait juste s'amuser, il avait laissé en Russie beaucoup d'adversaires compétents, il semblait qu'il eut trouvé la fille parfaite pour les remplacer. Peut-être même les remplacer tous, elle avait l'air d'être assez compétente, juste blessée donc plus faibles qu'à la normal, pourtant elle dégageait pas mal d'énergie. Il espérait que le jeu serait plus intéressant lorsqu'elle serait remit sur pieds, car ça avait été presque trop facile, mais il devait avouer la trouver habille et intelligente. Et surtout, très belle, ne l'oublions pas.

Il posait un genou à terre et se relevait légèrement pour se déplacer à coté d'elle, il glissait sa main droite sous ses genoux et l'autre derrière son dos, il la soulevait, tirant la langue de coté pour faire mine que l'effort était rude, mais elle était aussi légère qu'une plume. Il faisait un tour sur lui-même cherchant du regard un endroit où il pourrait la déposer et éventuellement voir s'il pouvait faire quelque chose pour elle, il pouvait toujours l'emmener chez Hush si la blessure était trop grave, elle saignait beaucoup, comme si une cicatrice venait d'éclater, Nemo était responsable de cela, mais il n'était pas du genre à culpabiliser du mal qu'il pouvait faire, sans quoi il passerait sa vie à regretter, à repentir. Il avait fini par comprendre que sa vie n'était autre que d'achever celle des autres. « Ce serait vraiment regrettable que tu claques maintenant... » lui lançait-il railleur en déposant la jeune femme sur le coussin d'un wagon d'un train à sensation forte dont les rails n'étaient pas des plus solides, il levait ses jambes pour s'assoir sous celle ci et s'allumait une autre cigarette après avoir baillé et laissait tomber sa tête en arrière contre le wagon il fixait le ciel, alors qu'elle continuait à se vider son sang, il n'y avait rien d'urgent après tout... Et puis, se presser gâcherait son plaisir. Il profitait de l'effet de la nicotine, du soleil sur son visage et de la charmante compagnie qu'il avait trouvé.

Le sang coulait lentement hors de son corps, s'étalant sur le sol sous la forme d'une énorme flaque rouge foncé. La douleur se transforma en une sorte de pression sur la hanche, forçant la femme à contracter ses muscles pour tenter d'effacer cette sensation désagréable. En vain. En tout cas, son poursuivant relâcha doucement la jeune femme, la laissant respirer et reprendre légèrement ses esprits. Perdre du sang provoquait des troubles de la vue et des migraines affreuses. Elle cligna plusieurs fois des yeux, glissant une main sur sa blessure. Ses doigts filtrèrent le sang qui se déversa en filet par terre. Il fallait vraiment qu'elle soit soignée au plus vite et qu'elle trouve les médicaments, pour empêcher de faire une autre crise. Il suffisait simplement qu'une personne se présente devant elle pour que cette dernière disparaisse. Et aujourd'hui, elle n'avait pas vraiment envie, sauf en cas de nécessité. Elle inspira fortement, calmant les battements de son coeur et retrouvant peu à peu ses repères. Pandora se demanda si son compliment l'avait touché ou si ce n'était que sa plaie qui forçait le jeune homme à la laisser tranquille. Elle s'appuya sur ses coudes, contractant le ventre, une grimace de douleur s'affichant sur son visage. Elle devait tenir, encore un peu. Au moins jusqu'à trouver ce marchand illégal. Elle entendit, derechef, la voix de son agresseur.

Le monsieur n'avait pas tort. Ce n'était pas avec le trou béant dans son corps qu'elle allait pouvoir boire un café, sortir en boîte et dormir comme un bébé. Elle ricana et serra les dents, laissant échapper un gémissement de douleur. L'inconnu voulait tout de même jouer. Il allait devoir attendre que Pandora soit de nouveau en forme. Il s'écarta d'elle mais restant toujours tactile. Elle sentait la main de l'inconnu sur son épaule. Elle ne savait pas si elle pouvait le repousser, ou non. Vu son état, elle ne devait pas jouer avec le feu ou tentait le Diable. Elle risquerait d'y laisser sa peau. Enfin, celle d'Héléna. C'est vrai qu'il était difficile, pour l'entourage d'Héléna et de Pandora, de savoir qui dominé, vu qu'elles partageaient le même corps. Cela apportait de nombreuses confusions... Mais elles trouvaient toujours une excuse pour dire qu'elle ne se souvenaient pas ou autre. En tout cas, pour le moment, ce n'était pas vraiment un soucis. Pandora sentait la présence de la lame prêt d'elle, encore plus quand elle se présenta sous sa gorge. Elle avala sa salive, souriant légèrement. Cet homme n'avait pas l'air assez stupide pour la tuer de cette manière. Elle secoua la tête de haut en bas pour indiquer qu'elle était prête à jouer. Les mots qui suivirent la proposition frappèrent Pandora de plein fouet. Non, mais, quel macho, celui là ! Belle, tu vis et je joue avec toi. Moche, tu crèves parce que je ne peux rien faire de toi. La jeune femme savait déjà où elle se situait et ne s'inquiétait pas vraiment. Bon, au moins, cet inconnu choisissait ses victimes. Question de goût, pas forcément du machisme. L'homme s'arrangea pour que leur regard se croise, qu'enfin il puisse se dévisager.

Pandora ne montra aucune expression et contempla la personne qui lui faisait face. Pas vilain. Elle se figea sur ses yeux. Elle les trouvaient tout simplement magnifiques. Un bleu aussi clair et aussi brillant ne pouvaient tout de même pas la laisser de marbre. Pourtant, elle gardait une expression tout a fait banal, n'exprimant aucun sentiment. Quant à lui, il l'admirait, de bas en haut. Oui, elle était belle, et Pandora le savait. Elle ne s'en vantait pas mais elle le savait et cela était un atout pour avoir ses proies. Elle pouvait lire dans les yeux de cet homme, un mystère. Une sensation familière pour Pandora. Peut être était il comme elle ? Elle y voyait aussi un cliché assez connu sur les hommes. Elle se doutait bien de quel genre de jeu il voulait, dorénavant. Certaines diront qu'être vu comme un bout de viande par un homme et désagréable. Pandora, elle, s'en contrefichait totalement. C'était une forme de plaisir, un amusement dont elle ne se privait pas. À elle seul, elle était les sept pêchés capitaux. La patience de Pandora avait, cependant, des limites. Se faire observer, ça aller, mais pas des heures. Elle fronça légèrement les sourcils, se redressant légèrement, s'appuyant sur ses coudes. La blessure au niveau de sa hanche se plia sous son gesta, formant de nouveau une grimace sur son visage. L'inconnu parla de nouveau, comme satisfait de sa trouvaille. Son sourire ne fit que confirmer ce que pensait Pandora. Elle ne se sentait pas vraiment flatter, à force d'entendre ce genre de chose et de se faire complimenter.

Il lui avoua alors qu'il ne voulait pas jouer avec elle, en tout cas, pas maintenant. Pandora était soulagée de constater que cet homme avait un minimum de logique pour se rendre compte qu'elle n'était vraiment pas en état de jouer au chat et à la souris. L'inconnu se rapprocha d'elle, glissant ses doigts sur le visage de la jeune femme. Mais que faisait il ? Pandora ne bougea pas, se laissant faire sans se demander exactement ce qu'il cherchait. Cela dura peu de temps, jusqu'à qu'il prit la décision de la déplacer, ailleurs. Il s'agenouilla, près d'elle, l'attrapant en dessous de genoux et par le dos pour la soulever du sol. Il fit mine de la trouver lourde. Cette blague agaça la jeune femme. Ce garçon ne paraissait pas faible et elle était loin d'être épaisse. Un autre sourire apparut sur le visage du bel homme, rassurant Pandora, malgré un petit agacement toujours présent. Il transporta la jeune femme, faisant attention, pour ne pas l'abîmer encore plus. Elle s'agrippa à lui, cherchant une position pour atténuer la douleur que le mouvement avait provoquer dans sa hanche. L'inconnu la porta jusqu'à un grand huit, vide et rouillé, menaçant de céder. Il la déposa dans un wagon, s'installant près d'elle, sous ses jambes, plus exactement. Elle regarda au dessus d'elle, constatant le ciel un peu grisé par le temps maussade qui se préparait. Elle soupira, sentant l'agréable odeur de cigarette. Elle fit de même que le jeune homme, inspirant une grande bouffée pour se calmer. Elle toussota faiblement et décida de prendre la parole.

" Oui, il serait bête que je clamse maintenant. C'est pour ça que j'étais venue ici. Et vu que je n'peux pas vraiment bouger, je pense que tu accepteras de faire ça pour moi ? "

Elle le regarda, sans vraiment sourire. Franchement, ce garçon n'était pas vilain, voire, physiquement, il pouvait attirer Pandora. Elle se courba en arrière, s'étirant. Le sang ne cessait de couler. Il fallait qu'elle intervienne en attendant que l'homme mi-ange, mi-démon lui vienne en aide. Elle retira son haut, exprimant la douleur. Se retrouver en soutien-gorge devant un homme ? Elle s'en foutait, royalement. Elle déchira son vêtement, le passant autour de sa taille, faisant un noeud au niveau de la plaie pour faire une pression et ralentir le sang. La cigarette au bord des lèvres, elle inspira derechef et laissa fuir la fumée, lentement entre ses lèvres.

" Un homme, un clochard, plutôt, traîne dans les environs. Il vend des médicaments et de quoi me soigner. Dis lui que tu viens de ma part. S'il ne te croit pas... Menace le et dit lui qu'il est sur ma liste. "

Pandora tira de sa poche un billet de 100 dollars et le tandis à l'inconnu avant de s'installer confortablement dans le wagon. Elle se sentait faible, très faible. Cela faisait tout de même un moment qu'elle n'avait pas pris le traitement... D'où ces nuits horribles et ces crises sans fin. Elle déplaça la clope au dessus de ses yeux, constatant l'avoir fini, et la jeta au loin. Elle posa de nouveau ses yeux sur la personne qui lui tenait compagnie.

" Pandora. Et toi ? "

Net et court. Il ne lui répondrait peut être pas, mais ça aussi, elle s'en contrefichait.

Nemo l’oubliait presque, le temps n’était pas des plus radieux, mais il avait déjà affronté l’hiver russe et il devait avouer apprécier le climat à Gotham. Il avait levé le nez en l’air, fixant les nuages, il paraissait que les enfants arrivaient à voir des formes dans les nuages, que leur imagination leur faisait croire que les nuages représentaient quelque chose, que c’était magique. Adam ne voyait rien, juste des taches blanches, parfois grisâtes, il voyait l’effet de la condensation, il trouvait ça sans le moindre intérêt, il n’arrivait pas à imaginer que cela puisse représenter quelque chose, il fixait ses poches d’eau sans penser à quoi que ce soit. Il avait passé sa vie à se demander ce qu’était qu’un enfant, ce qu’était d’être enfant. Il les observait et ne se sentait pas apte à les comprendre. Il les regardait comme des créatures en cours de maturation, des attardés, des êtres dépourvu d’intérêt. Puis la voix de la jeune femme le ramenait en ce bas monde, il balançait sa cigarette sur les graviers au sol, il déposait son regard azur sur elle, alors que celle-ci s’apprêtait à lui demander un service, un sourire s’étirait sur les lèvres de Nemo, l’aider ? Amusant n’est-ce pas ? Pourquoi ferait-il une chose pareille ? L’idée même de rendre un service à quelqu’un ne lui traversait même pas l’esprit une seule seconde, il savait que la vie n’était faite que de profit. Il n'y a pas de service, il n'y a pas de charité, ça n'existait plus, les gens cherchaient toujours quelque chose en retour, peut importe l'importance de l'échange, ce n'était jamais un don. Les dons étaient morts, ça n'existait plus. Les gens veulent servir leurs propres intérêts, garantir leur survie, leur bien être. Adam lui, ne recherchait rien de tout cela, ni gloire, ni argent, ni protection, ni sbires, rien... Tout ce qu'il voulait faire, c'était vivre. Vivre comme il se doit sa non existence, oui, il voulait vivre tout ce qu'il pouvait avant le moment fatidique, le moment où la lumière viendrait quitter ses iris bleus à tout jamais. Il n'avait pas peur de ce moment, il n'avait pas peur de mourir, il ne répondait de rien, qu'est-ce qui comptait vraiment à ses yeux ? Rien, sa propre survie ne l'intéressait pas, il avait conscience qu'il fallait mourir un jour tout comme il avait fallut naitre, il était né dans la mort, s'il croyait au destin, il aurait pu dire que c'était le sien.

Il écoutait vaguement ses explications, il n'avait certainement pas besoin de mentionner la jeune femme pour menacer un clochard pathétique. Nemo n'était pas connu, son nom ne disait rien ici, à Gotham, mais il n'avait jamais eut de problème pour se faire entendre. Qui était cette étrange femme ? Et pour qui se prenait-elle ? Elle avait l'air de se prendre pour une vraie terreur, comme s'il devait la craindre, il en était d'autant plus amusé. S'il y avait un seul homme que Nemo craignait en ce monde, c'était le parrain. En réalité, ce n'était pas de la crainte, c'était un sentiment profond de respect. Respect de l'avoir accueillis, lui Nemo. Le respect de voir qu'un homme ait pu faire monter le crime aussi haut. Nemo n'avait pas peur, peur de rien ni de personnes. Les autres n'étaient que des êtres risibles. Elle avait arraché son vêtement, elle se présentait en sous vêtement devant lui, elle était très sexy il devait l'avouer, il avait connu plus pulpeuse cela dit, mais elle était pas mal du tout. Son regard azur se posait sur son garrot improvisé, il était assez curieux de savoir pourquoi on lui avait tiré dessus, mais d'un coté, il s'en foutait tout autant...

Elle se présentait sous le nom de Pandora, il reportait ses iris cyans sur elle, alors qu'elle lui tendait un billet de 100 dollars. Un sourire s'étirait tel un éclair sur ses lèvres, puis il se mit à rire, un éclat froid et cruel brisait le silence du parc. Il était assez rare que Nemo se mette à rire de la sorte, mais la situation le faisait hurler de rire. Il en venait même à se plaquer une main sur l'abdomen, bonté divine, que c'était étrange de rire ainsi, mais ça lui faisait un bien fou malgré tout. Pour qui le prenait-elle ? Un simple briguant ? Une racaille de bas étage ? « Oh... Seigneur... » Pouffait-il, oui, Seigneur que c'était tout aussi amusant que votre existence, on lui avait dit qu'il y avait des énergumènes à Gotham, comme un homme qui se prenait pour une chauve souris... Celle-ci était pas mal du tout aussi. Assez rapidement il reprit son calme, il voyait bien que son fou rire avait eut le don d'énerver la jeune femme qui malheureusement n'était pas en position de lui faire remarquer. Il soupirait puis tirait une seconde cigarette comme si de rien n'était, un air totalement neutre comme s'il n'avait jamais rit. Probablement allait-elle le prendre pour un fou, peu importe, il se foutait complètement de ce dont elle pouvait penser de lui, demain serait un autre jour et leurs chemins ne se croiseront probablement plus jamais... Il prenait le billet de la jeune femme, il allumait sa cigarette et profitait de la flamme de son briquet pour bruler son billet entre son pouce et l'index puis le laissait tomber au fond du wagon l'écrasant de sa chaussure, il posait son regard sur la jeune femme. Il ne montrait plus rien, comme s'il s'était totalement désintéressé d'elle, comme si elle ne l'attirait pas, qu'il avait déjà réussit à se lasser de sa vue en soutien gorge, oui, il était capable de ça, de changer en une fraction de seconde. « Te regarder mourir pourrait être une distraction intéressante mais j'ai ce vague sentiment de déjà vu des plus ennuyeux... » Lui répondait-il enfin d'un ton assez sec dans lequel reflétait son accent russe.

Il saisissait les chevilles de la jeune femme pour le relever les jambes à nouveau, sans prendre soin d'y aller doucement pour éviter de la blesser davantage, qu'elle souffre n'était pas son problème à lui. « Dis Pandy', tu n'as pas l'air si terrible pour te retrouver en un si piteux état... » lançait-il railleur. Il descendait du wagon, est-ce qu'il avait l'intention de la laisser là, de la laisser crever comme un chien dans ce wagon ? Du moins, c'était l'impression qu'il donnait. D'ailleurs, l'idée était assez tentante, il n'avait pas envie de faire la commission pour la jeune femme, mais d'un autre coté, il n'avait rien d'autre à faire, n'était-il pas venu ici pour oublier un peu de penser à sa vengeance ? Alors, il ajoutait un sourire en coin « Bon... L'ami Nemo va aller trouver ton dit clodo... C'est bien parce que tu es une sacrée comique. » Nemo ou l'imprévisible. Alors, il sautait hors du rail pour retrouver la terre ferme, et s'éloignait les mains dans les poches, probablement que s'il trouvait distraction plus intéressants en chemin la laisserait-il a son triste sort.

Nemo prenait le même chemin qu'il avait emprunté pour emmener la jeune femme, il se savait dans son champ de vision, et son pas peu pressé témoignait de son intérêt pour la vie de la jeune femme. Il tournait derrière un manège pour enfants, le mafieux soupirait en apercevant un clochard fouiller une poubelle à la recherche d'une planche plus confortable. Adam s'en approchait et lui demandait d'un ton froid « Dis-moi, où puis-je trouver un homme qui vendrait des médicaments ici ? » Le sans abris se tournait vers Adam et lui disait avec une sourire édenté « Un joli minet comme toi doit avoir un peu d'argent sur lui, non ? » Nemo soupirait alors que l'homme s'approchait de lui, son poing venait frapper dans l'abdomen du sans logis, il l'attrapait par le col et l'envoyait dans la poubelle la tête la première en lui disant impatient « Je t'ai posé une question ! » « D'acc... D'accords... Il s'appelle Marco, il crèche dans le manège enchanté... » « Tu vois qu'on peut s'entendre... » Puis il partait, laissant le pauvre homme la tête en bas dans le container. Ses pas le menaient vers le dit manège, il entrait dans celui-ci après avoir poussé une planche qui faisait office de porte, pitoyable... Il trouvait là un rassemblement de clodo armé de couteau, le russe leur adressait un sourire et demandait Marco, bien évidement les sans domiciles lui riaient au nez, et bien évidement ça déplut très fortement à Nemo qui sortait à nouveau sa lame de sa poche, avec cette fois ci, la nette intention de s'en servir. « J'ai une blessée par balle, alors donne moi le nécessaire pour la guérir... » Et évidement le fameux Marco lui fixait un prit exorbitant. Alors Nemo lançait sa lame qui traversait l'obscurité pour venir se planter dans l'épaule de l'homme qui poussait un hurlement de douleur, et afin de dissuader les autres clochards, il sortait son revolver. « Je n'ai pas d'argent... Dommage n'est-ce pas... Mais c'est vrai que je ne peux pas te demander ce service sans rien te donner en retour... Mais là tu vois... Je ne sais pas du tout ce que je pourrais te céder... » disait-il en braquant son arme vers ce triste personnage. Il fit mine de réfléchir et lui demandait un sourire sadique sur les lèvres « Est-ce que te laisser la vie sauve te semble être un bon prix ? » L'homme acquiesçait, et malgré sa blessure se précipitait vers une trappe pour sortir les médicaments nécessaires et ajoutait une fiole étrange, probablement avait-il remarqué que Pandora était blessée, quoi qu'il en soit, Adam prit le tout en sortait du manège aussi naturellement qu'il y était rentré.

Matvey soulevait à nouveau les jambes de la jeune femme pour s'assoir à nouveau à coté d'elle, oui, il se portait bien, voir même très bien, cette petite balade lui avait dégourdit les jambes. « Je t'ai manqué j'espère... » lâchait-il enfin un sourire sadique sur les lèvres, il n’attendait pas vraiment de réponse en fait, ce n’était pas même une question, il se doutait bien qu’il lui avait manqué, enfin, plutôt les médicament, de lui, elle devait s’en passer volontiers... Et lui, il se serait bien passé de faire le commis pour elle, qu’est-ce qu’il ne ferait pas par ennuis ? Sauver la vie des inconnus... « Tu as soif peut-être ? » lui demandait-il en lui proposant une flasque contenant de la vodka pour qu'elle se désaltère et se remette quelque peu de la douleur et surtout se préparer à la douleur qui allait suivre. Nemo la fixait de ses yeux azur, les médicaments posés à coté de lui, il était loin d'être médecin, mais il avait déjà soigné plus d'un balle dans sa vie. Il lui adressait un sourire presque sympathique qui tranchait avec cette arrogance, cette froideur et aussi cette cruauté qui était quasi omniprésente dans sa voix. « Si tu n'en veux pas, ça n'est pas perdu pour tout le monde.. » Ajoutait-il avant même qu’elle n’eut le temps de répondre où de tendre la main pour boire, il ouvrait la flasque pour boire quelques gorgées délicieuses, il était assez habitué à cette boisson et elle n’avait plus autant d’effet sur lui qu’au commencement de ses consommations. Il lui tendait à nouveau la flasque avec un sourire en coin l’air de s’en foutre complètement qu’elle boive ou non. Au fond, il se foutait pas mal de ce qu’il adviendrait d’elle, il voulait voir à quel point elle était forte, si elle mourrait tant pis pour elle. Combien de temps avait-il prit ? Dix minutes, un quart d’heure ? En réalité beaucoup moins que ça. Mais il la voyait assez solide, c’était assez plaisant d’avoir quelqu’un de résistant pour une fois, mais à quel point l’était-elle ? Il aimait jouer avec les nerfs des gens, les pousser à bout, c’était une distraction comme une autre. « On dira que c’est la première bonne action de ma vie... Il faut bien une première à tout dans la vie il parait. » Plaisantait-il, puis son regard se perdait dans ses pensées, quand est-ce qu’il avait fait une bonne action dans sa vie ? Il ne s’en souvenait pas... Non, en fait, il n’en avait jamais fait... Peut-être qu’avant oui... Avant de devenir Nemo, mais il ne se souvenait pas de cette vie là... Il revenait à lui aussi sec et reposait son regard sur elle.